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“Avec le coronavirus, on risque des millions de morts en Afrique.” défendait le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, à l’occasion d’une conférence de presse tenue fin mars. Avec lui plusieurs dizaines de médias prophétisait chaque jour une hécatombes due à la propagation du Covid-19 au sein des populations africaines. Pourtant, nous sommes le 28 avril et le continent ne comptabilise à ce jour que 1 476 décès, pour 33 621 cas de contamination recensés – soit 3% des États-Unis, pays le plus touché par la pandémie, avec plus d’un millions de cas de contamination, pour 57 533 décès.

Loin de la catastrophe annoncée sur la base d’une “fragilité des systèmes de santé”, l’Afrique a su, pour le moment, gérer cette crise plus ou moins correctement. Évidemment, ces statistiques soulèvent de nombreuses interrogations et exclamations.
De nombreux observateurs pointent le niveau de dépistage. Certes, les dispositifs de tests ont pu être qualifiés de légers aux débuts de la crise. Néanmoins, les États ont très tôt pris la mesure de cette nécessité et le continent, dans son ensemble, a renforcé les protocoles de dépistages avec une intensification des acquisitions de tests auprès des pays en mesure de les fournir. Le Maroc a, par exemple, acheté plus de 100 000 kits à l’étranger, en plus d’un élargissement de son réseau de dépistage au niveau de six centres hospitaliers universitaires (CHU) dans les villes de Casablanca, Rabat, Fès ou encore Marrakech. De même en Côte d’Ivoire avec l’ouverture de plusieurs centres de dépistages à Koumassi, Port Bouêt ou encore Yopougon. Au Sénégal, l’Institut Pasteur de Dakar est sur le point de développer des kits de dépistages rapides (de l’ordre de quelques heures) contrairement aux tests actuels, bien plus longs. Au Kenya, l’Institut de recherche médicale du Kenya (Kemri) a innové en reconvertissant les 8 800 appareils de tests pour la tuberculose, la grippe aviaire et le VIH en test de coronavirus. Ce procédé lui a permis de passer à 35 000 échantillons en 24 heures. Ce dernier exemple illustre justement l’agilité des populations, États et acteurs privés du continent – qui ont fait preuve d’innovation, notamment dans le secteur des HEALTH TECH.

De nombreuses start-ups de services médicaux génériques se sont reconverties vers la lutte contre la propagation du virus, contribuant à leur échelle à l’effort collectif déployé par chacune des forces vives du continent. L’application Ushahidi (au Kenya) rassemble et vérifie des informations fiables sur le virus pour informer les populations sur ses dangers et véhiculer des mesures de sécurité. D’autres, comme REMA (au Bénin), mettent en relations les médecins et professionnels de santé pour favoriser la circulation d’informations sur la manière de traiter les symptômes du virus et réagir le plus efficacement à son déclenchement chez un patient. Enfin, certaines, comme Meditect (en Côte d’Ivoire), fournissent des informations cruciales sur la fiabilité des médicaments utilisés et prescrits, via un mécanisme de traçabilité reposant sur la Blockchain. Elles sont nombreuses et démontrent la résilience d’un continent que beaucoup condamnaient d’avance.
Force est de constater qu’au contraire, les indicateurs sont plutôt prometteurs. 10 190 guérisons ont été recensées cette semaine sur l’ensemble du territoire africain. Au Rwanda, aucun décès n’a été comptabilisé. Plusieurs pays, à l’image du Ghana et du Burkina Faso, ont mis en oeuvre un déconfinement progressif, signe d’une amélioration de la situation.
S’il est encore difficile d’affirmer que cette situation perdurera, il est possible de se réjouir d’une conjoncture relativement favorable, en contraste avec la situation internationale.
Ayeri Advisory